Les produits résineux

Les produits résineux

Les produits résineux

La résine Jusqu’au XIXe siècle, on gemme « à pin perdu » sur deux ans pour récupérer le plus rapidement possible le bois. La gemme est traitée à domicile, puis vendue en pain de 200 livres pour fabriquer des chandelles et des torches, l’essence est perdue, elle n’apparait qu’à partir de1780sous le nom d’« huile ».

Plus tard, le résinier récolte la gemme des pots qu’il vide dans l’escouarte (quarte), puis la verse dans les barriques, le tout va à l’usine. On ne gemme plus « à mort » et la térébenthine, très recherchée est de plus en plus raffinée. On produit toujours du galipot et du brai pour la marine, mais aussi de la colophane (résidu de la distillation de la résine) pour fabriquer la cire à cacheter, le cirage et la cire, des peintures, des vernis, des savons, de l’encre d’imprimerie, de la colle et un peu plus tard, les premières matières plastiques,  la térébenthine la plus pure est utilisée en pharmacie…

Cette énumération incomplète explique l’engouement pour la plantation du pin maritime : c’est une manne ! Hélas, malgré le perfectionnement des techniques de traitement de la gemme, la résine est supplantée par les produits issus du pétrole, si bien qu’après une grave récession, la résine landaise est anéantie vers 1980.

Témoignages

Le docteur Clavé, dans ses mémoires recense vers1930les usines de distillation àPontenx, « Il y en a deux en ce moment, dont une très importante, celle de la Cie à l’Ouillayre, et celle de M. Dupouy (anciennement Beaurredon). En 1829, il existait ici cinq ateliers de production officiels et imposés, ce chiffre renseigne sur l’immense volume de la matière première à traiter. Il s’agissait des usines Roquebert au Marpe, elles existaient déjà en 1797 ; Raba au bourg, existait en 1785 derrière la maison qui servait d’école avant l’arrivée des Frères ; Cursan à La Barde existait avant 1820, Dupuyau Bertrand à Poyanne ; Larrousseau, très ancienne, fut démolie en 1834 ; l'usine Beaurredon à Beaurredon, construite en 1825 existe encore bien qu’elle fut détruite en1914 par un incendie. Il en existait une autre, celle de « La térébenthine française», construite en 1894  à Bouricos, elle fermera en 1914, sera vendue en 1920, démontée et reconstruite au « Jaougot », dans les dunes.  Nous nous souvenons en avoir vu dans chaque demeure un peu importante, elles étaient placées sur l’airial. Une chaudière en cuivre ou en fonte suffisait pour traiter la résine brute qu’on portait à ébullition ; ce procédé ne permettait pas de récupérer l’essence. On récupérait une sorte de pâte dont on remplissait des barriques, les « gémmaïres » partaient vers La Teste sur des bros tirés par des bœufs ou pour l’embarcadère du Lanot à Gastes où de grosses barques venaient les prendre.

Le barras (résidu de la résine chauffée) était cuit à part dans un trou du sol tapissé de paille, on y tassait des couches de barras avec les sabots, la paille qui sortait du trou était repliée pour former un nœud de paille, ce balluchon était ensuite porté au port de Gastes ».

Le bois

À partir de 1865 et jusqu’en1939,la production de bois, jusqu’ici tournée vers les traverses de chemin de fer, est essentiellement destinée au Pays de Galles sous forme de poteaux de mine. Ce commerce représente la moitié des exportations du port bordelais et les deux tiers de celui de Bayonne. Les bateaux affrétés pour ce transport rapportent du charbon, pour les chemins de fer et l’industrie. On fabrique des échalas, piquets, clôtures, des poteaux télégraphiques, pilotis et bien sûr du bois de chauffage, domestique et industriel (certaines années, on expédie vers Paris 130 millions de « ligots parisiens »), des produits d’emballage comme la caisserie et les fûts sans oublier la ripe en fibre de bois.

Ensuite, la parqueterie représente la moitié de la production, sans compter les lattis, lambris, moulures, bois de charpente et de coffrage…

La fabrication de la cellulose et de la pâte à papier débute en1872et en1923naît la Société des Papéteries de Gascogne, spécialisée dans la fabrication du papier kraft. Puis les produits de transformation évoluent à partir de1925avec les parquets et lambris et aujourd’hui les maisons à ossature bois.

Le charbon de bois.

L’abbé Beaurein raconte : « C’est des Landes qu’on tire une quantité immense de charbon, soit de chêne, soit de racine de brande qui y est très commune. Cette dernière espèce de charbon sert à l’usage des forgerons ; mais l’un et l’autre se consomment dans Bordeaux, où l’on en apporte considérablement toutes les semaines ».La toponymie nous rappelle cette industrie avec « La Carbonisation » ou « La Burle ». Entre1760 et 1774, le comte de Rolie fait fabriquer et commercialise personnellement les charbons et goudrons, sa production est significative : 30 charrettes en avril, 11 en mai, 30 en juin.

Le pin carbonisé donne le goudron et le charbon de bois, si appréciés, mais en1936, on pense à un nouveau débouché pour la carbonisation du bois de pin : le gazogène. Une charbonnière produit une demi-tonne de charbon par 24 heures. C’est ainsi que les « eaux et forêts » livrent à l’armée, dans des sacs de la nouvelle papèterie, 100 000 kilos de charbon pour ses camions. En1947, le préfet interdit les carbonisations à cause de la sécheresse, ce qui signifie qu’on les pratique encore couramment sur une certaine échelle à Pontenx.

Témoignages

« Il y avait une charbonnière à Marcon, elle a arrêté pendant les grands incendies.

J’ai commencé à 14 ans, je faisais du charbon et du goudron avec de vieilles souches de pins, on carbonisait le bois en vase clos dans des cuves, ça fonctionnait comme une cocotte minute. Moi j’ai arrêté en 54, mais ça continuait... Ce charbon, quand on le coupait on aurait dit du cristal. Pour le four, on avait fait venir des briques spéciales du côté de Tosse et c’est nous qu’on se l’est construit. Celui en vase clos (le charbon) servait pour la pharmacie. « Les meules des hourns de gaze étaient recouvertes de terre, il fallait constamment surveiller parce que sinon, si c’était pas bien couvert ça explosait et s’il y avait trop de tirage tout prenait feu. Le bois se consumait sans air, par la chaleur, le sol était en pente douce et le goudron coulait par une goulotte, mais ce n’était pas du tout la même qualité que le goudron en vase clos».

Le noir de fumée

On obtient une suie noire et légère en brûlant les matières résineuses les moins pures. Ces particules de carbone colorées sont utilisées dans la fabrication des encres d’imprimerie, des peintures et des vernis. Cette exploitation est si ancienne qu’on ignore quand elle a débuté, mais on connait le fonctionnement des premiers « fours » d’après une description dans la revue « La maison rustique du XIXe siècle. « … une combustion incomplète opérée sous une chambre tapissée de peaux de mouton dans laquelle la fumée allait se déposer… de temps à autre, on allait battre ces peaux pour faire tomber le noir de fumée…» On met ensuite ce produit en barrique, pour la vente. Cette exploitation devait être assez rentable puisqu’on fabrique encore en 1906 des appareils de préparation du noir de fumée. Au début du XIXe siècle, il existe six fabriques dans les Landes, toutes dans la partie nord, dont deux àPontenx et une à Escource, c’est donc une spécialité locale. Hélas, l’arrivée du noir de charbon met fin à ce commerce vers1852.

En1818, Antoine Dupouy fait construire sur sa propriété de Bouricos, au lieu dit la « Huneyres » (lieu où il y a des fours), une usine pour fabriquer le noir de fumée. C’est une exploitation « sauvage », non déclarée, elle n’est pas la seule, mais cette particularité ne permet pas de les répertorier. Elle fonctionne jusqu’en1844quand le préfet demande alors une enquête de salubrité qui conclut à l’innocuité de l’installation… Le fils du fondateur en continue l’exploitation jusqu’à1855,l’installation empirique, primitive, ne peut pas concurrencer les grandes entreprises modernes, et les bâtiments sont convertis pour l’agriculture. On signale également au même endroit la fabrique de M. Coloubie qui tournera jusqu’en1835.

Il est peu probable que cette production ressuscite, car trop coûteuse, malgré l’énorme consommation d’encre de nos pays industrialisés.

Les chandelles

Plusieurs ateliers de chandelles existent à Pontenx au même moment. On n’en sait pas plus, sans doute parce qu’il s’agit de fabrications modestes, familiales. Cependant, une au moins en 1755 est importante au vu de son niveau d’imposition, puisqu’elle est déclarée et dégage 30 livres de revenus.