De la piste à la route

De la piste à la route

De la piste à la route

Ces chemins de sable non empierrés tentent d’éviter les zones marécageuses, car on s’embourbe jusqu’aux genoux pour aller entendre la messe, ce n’est pas sans raison que les Romains traçaient leurs chemins sur des levées de terre. L’ingénieur-géographe Flamichon en 1772se lamente : « Il n’y en a pas un seul (chemin) de tracé dans les Landes, il est même impossible de pouvoir y pratiquer les routes, à cause du défaut d’habitants pour les travaux et le matériau pour ferrer les chaussées n’est que sable».Quand le chemin de Saint-Paul à Labouheyre passant par Pontenxdevient impraticable parce que coupé par des inondations en 1784, les habitants le réparent avec, nous dit le même auteur « …des bois périssables que la vieillesse et le temps avaient détruits et jetés sur les marais ainsi que cela s’est toujours pratiqué ».

Témoignages

À partir de douze ans, pour gagner sa vie, ma grand-mère paillait les chemins, quand j’étais petite fille, juste avant la dernière guerre, moi aussi, j’y allais avec les autres, pailler les chemins. C’était des chemins paillés, on disait comme ça, c'est-à-dire qu’on jetait des branchages, des garbayes,  des feuilles, de la vieille paille pour essayer de boucher les trous.

Mon grand-père est né à Miquéou, il y avait un chemin autrefois, on coupait au droit et on allait à Pontenx sans passer par les routes. On allait résiner à Richard, on partait de Bestaven en vélo jusqu’à Larrousseau, à travers la forêt et on prenait la route à Marcon. Il y avait aussi la route noire celle qui allait à l’usine des forges, elle traversait la route de Labouheyre, au bord de l’étang, à gauche après Richard, après la levée de terre, elle allait jusqu’à Gastes, on l’utilisait pour aller résiner. Nous au moins, on allait à bicyclette, ça aidait bien, ma grand-mère avait eu un des premiers vélos avec une grande roue devant et une petite derrière, c’était un grand bi. Après, entre 39 et 45, on a vu les premières voitures dans le village, il n’y en avait pas beaucoup, c’était les gros propriétaires, on les regardait passer».

Comme le précise Bacler d’Albe encore au début du XIXe « Pour peu que les routes soient enfoncées, elles deviennent des mares, des cloaques, où le voyageur risque de périr dans une eau noire et fétide ». Seules les larges roues cerclées de fer des « cas » (charrettes) à quatre roues et des« bros » qui n’en ont que deux, tirés par une paire de bœufs ou de mules peuvent affronter les fondrières et le sable de nos pistes, ils ne seront équipés de pneus à larges bandes de roulement qu’à partir de1930. Sinon, les hommes vont à pied, seuls les nantis disposent d’un cabriolet pour le déplacement des maîtres.

Jusqu’au Second Empire, la seule grande route landaise (très endommagée) longe le pays de Born sans y pénétrer, c’est la nationale 10 actuelle qui passe par Labouheyre. En1810, le Conseil général demande que le Trésor public prenne à sa charge toutes ses routes : aucune n’est en bon état et la fiscalité locale est trop faible pour les entretenir. En1837, la France possède 35 000 kilomètres de routes, mais aucune dans les Landes de Gascogne, hormis la nationale 10 aux pavés napoléoniens inoubliables. 50 ans plus tard, l’Empire lance, son programme de routes agricoles, elles sont en usage en1861.Cinq ans de travaux sont nécessaires à la Compagnie des Chemins de fer du Midi, sous la responsabilité de l’ingénieur Crouzet pour les réaliser. La route de Labouheyre avec embranchement à Pontenx vers Sainte-Eulalie date de cette époque.

La construction, puis l’entretien de ces routes relèvent à la fois du travail de Titan et de Sisyphe. Il faut construire des ponts sur chaque ruisseau, empierrer le chemin… et tout cela disparaît régulièrement dans le marécage, sans parler du manque de main-d'œuvre, de plus « Le manque de pierre sur place impose des transports longs et coûteux. On use ainsi la nouvelle route avant qu’elle soit terminée» ! En 1888, Pontenx sur 30 kilomètres de chemins classés dont « 25,5 ne sont pas construits », possède 500 mètres de route empierrée dans le bourg… »

En1932,l’entretien de nos 10 655 mètres de chemin est toujours assuré par les hommes valides de la commune âgés de 18 à 60 ans, en utilisant essentiellement les scories offertes par les forges, de même pour la place publique, ensuite, le Conseil général en prend la moitié en charge.

Grâce aux grands travaux entrepris par l’État en1935pour lutter conjointement contre le chômage, le pays de Born s’ouvre au monde au moyen de vraies routes, en nombre suffisant et praticables en toutes saisons. Dans la commune on découvre les premiers véhicules à moteur, il y en a fort peu heureusement car les voies praticables en automobile restent rares. Entre Bayonne et Bordeaux, il n’existe que quatre routes macadamisées en direction de la côte dont celle de Mimizan, qui passe par Pontenx. Ce n’est qu’en1926que Saint-Trosse est désenclavé par l’ouverture d’un chemin de 8 kilomètres, vers Parentis et en1974, la RN 626 (vers Labouheyre) est encore dans un état épouvantable.

Posséder une bonne infrastructure routière implique de l’entretenir, cette contrainte pèse toujours lourdement sur les finances de la commune. La longueur de chemins vicinaux et les travaux de débardage exigent de coûteuses et permanentes interventions.Pontenx maintient en état, en collaboration avec la Communauté de commune pour certaines voies, 28 kilomètres de routes communales et 350 de chemins. Les ponts figurent en bonne place dans les charges de voirie, par exemple, la construction du pont de Porge en1992offre un accès sécurisé vers Saint-Paul par la route des Vignes et celle du pont de la Place remplit le même office à Bouricos.

Depuis2007,le rythme des travaux de voirie est d’une route par an et conjointement  avec la DFCI, la commune entretient la totalité de ses pistes forestières.

Les premières bicyclettes, seul moyen de se déplacer plus vite et plus loin sur le sable, sont un bien précieux longuement convoité, et la  gracieuse descendante du lourd vélocipède, ne devient populaire qu’à partir de1886.

Les premières pistes en dur sont aménagées par les Allemands pour faciliter leurs déplacements à vélo d’un blockhaus à l’autre, certaines sont encore en usage… Ah l’efficacité teutonne ! Maintenant, les pistes cyclables sont appréciées des rollers qui peuvent glisser à loisir, sans risque pour eux et les autres, des cyclistes ou des promeneurs en landau. Vendue à plus de 2 000 exemplaires par l’office de tourisme chaque été, la carte des pistes cyclables prouve l’engouement pour ces charmants moyens de déplacement et de loisir. La plus fréquentée est celle de Mimizan-plage àPontenx.